Malgré la conception novatrice de ces décors, les paroissiens ont souvent manifesté un certain attachement aux dévotions anciennes. Les saints qui figurent dans les retables sont souvent les mêmes qui, autrefois, peuplaient déjà leurs églises.

Saint Pierre et saint Paul, les patrons de l’Église, saint Martin, le patron de la province de Tours, saint Julien, le patron du diocèse du Mans. Parfois, l’on croirait même déceler une certaine réticence à remplacer l’image du saint patron de la paroisse. Au maître-autel de Marolles-les-Braults, c’est l’ancienne statue, sans doute en pierre, de saint Rémy que l’on a juchée au sommet du retable du XVIIe siècle. Le donateur du retable, le curé ou un notable de la paroisse, tient souvent à souligner le caractère méritoire ou exemplaire de son acte en faisant figurer en bonne place dans le monument l’image de son saint patron, ainsi un Saint François d'Assise commandé en 1635 par François Engoulevent, curé de Marolles, ou un Saint Urbain commandé par Urbain de Gennetay, curé de Rouez entre 1637 et 1677.

À l’égal des périodes précédentes, quelques guérisseurs, tel saint Sébastien “l’antipesteux”, ou protecteurs, comme sainte Barbe qui préserve de la foudre, connaissent un succès toujours très vif. Paradoxalement, les églises paroissiales n’accueillent qu’avec parcimonie les saints de la Réforme catholique. Canonisé en 1610, saint Charles Borromée n’est guère présent avant le XVIIIe siècle ; on ne rencontre saint François de Sales, canonisé en 1665, que dans quelques églises, à Sargé-lès-Le Mans et à Bousse au XVIIe siècle, à Dehault au début du siècle suivant ; les images des saints de la compagnie de Jésus, dont Ignace de Loyola et François Xavier avaient été canonisés en 1620, sont totalement absentes, si ce n’est dans le collège des pères, à La Flèche.