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- Les images de la vierge
La multiplication des images liées au culte marial, objet de vive controverse avec les protestants, répondait à l’un des objectifs majeurs de la Réforme catholique. Dans leur collège de La Flèche, les jésuites avaient fondé pas moins de quatre congrégations toutes dédiées à la Vierge, qui avaient chacune leur chapelle dans l’église : aujourd’hui conservé dans l’église Saint-Thomas, le groupe du Mariage de la Vierge avait été commandé à Gervais II Delabarre en 1633-1634 pour orner l’une de ces chapelles, placée sous l’invocation de l’Annonciation.
À côté des très nombreuses figures traditionnelles de la Vierge à l’Enfant, de la Vierge de pitié ou de douleur, apparaissent des représentations de l’Immaculée Conception, de la Dormition, de l’Assomption.
Le thème de la Dormition connaît un certain succès dans les églises du Maine au XVIe siècle à la suite d’une œuvre du Maître de Moulins à Tours, disparue mais relayée par un autre tableau et de nombreuses gravures, ainsi que par un groupe sculpté par Michel Colombe, à Saint-Saturnin de Tours, détruit en 1562.
L’Immaculée Conception et l’Assomption sont souvent traitées en relief, à cause des difficultés que pose l’interprétation de telles scènes. Pourtant, à Beaumont-sur-Sarthe, l’artiste s’est joué de cet obstacle en composant une Assomption en ronde-bosse : portée par une nuée et environnée d’anges virevoltant, la Vierge est emportée vers le ciel dans une mise en scène particulièrement convaincante.
Toutes ces évocations de Marie se veulent autant démonstratives qu’expressives. La Vierge de Foulletourte — qui sera tant imitée, ainsi à Amné, à Mareil-en-Champagne ou encore à Saint-Mars-d’Outillé, en 1681 — tend l’Enfant devant elle, l’offrant ainsi à la vénération de l’assistance, alors qu’elle-même détourne le regard, pressentant le drame du sacrifice qui s’annonce.
La Vierge de pitié ne porte pas le corps du Christ mort étendu sur ses genoux, comme elle le faisait aux siècles précédents ou encore dans les premières œuvres des terracottistes manceaux, mais elle cherche au contraire à maintenir dressé son buste, dans une attitude bien peu vraisemblable, mais de manière à ce qu’il soit bien visible des fidèles : exposées avec emphase, les souffrances de la Passion deviennent sujet de méditation. Gervais I Delabarre avait donné l’exemple, adoptant ce parti au maître-autel des Jésuites de Poitiers vers 1615, puis à l’abbaye Sainte-Croix en 1618.
On retrouve des compositions très semblables chez Charles Hoyau dans deux œuvres angevines notamment, au prieuré Sainte-Marie de Fontevraud à Martigné-Briand et à Vaulandry, ainsi que dans l’église des Cordeliers de Laval. Par la suite, ces œuvres seront très souvent imitées dans le Maine, à Parigné-l’Évêque, Saint-Pierre-du-Lorouër, Mulsanne, Notre-Dame du Pré au Mans...
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Saint-Mars-sous-Ballon, église Saint-Médard : la Mort de la Vierge, 2e moitié du XVIe siècle
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Cérans-Foulletourte, église Notre-Dame de Foulletourte : Vierge à l’Enfant, 1ère moitié du XVIIe siècle
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Étival-lès-Le Mans, église Notre-Dame : Vierge de pitié, 2e moitié du XVIe siècle
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Saint-Corneille, église Saint-Corneille : Immaculée Conception, 1er quart du XVIIe siècle
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Beaumont-sur-Sarthe, église Notre-Dame : Assomption, 2e moitié du XVIIe siècle
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