Marin Préhoust, dit Belinde


Deux sculpteurs au moins ont répondu au nom de Préhoust. Du premier, Marin dit Belinde, il ne subsiste aucune œuvre connue, même si la documentation fait état d’une carrière particulièrement active. En 1630, sa présence était attestée à Blois où il fut attiré, sans doute, par le chantier de Gaston d’Orléans. En 1634, il collaborait avec un autre sculpteur, Dupuy, au retable de l’église de Valançay (Indre). En 1636 et 1637, il avait fourni une Vierge et deux Anges, puis un Saint Jean à l’église des Jacobins de Blois, où il avait également collaboré au décor de l’église des Visitandines. L’année suivante, il était à Poitiers où il exécutait plusieurs sculptures pour les Cordeliers, parmi lesquelles un Saint Joseph et l’Enfant Jésus. Par la suite, il s’était installé à Bourges, où il avait sculpté en 1640 une Vierge, un Saint Roch et un Saint Sébastien pour l’église Notre-Dame. En 1643, il avait exécuté dans cette ville également un Saint Pierre et un Saint Paul pour la paroisse de Saint-Pierre-le-Marché, où il avait élu domicile.

Marin Préhoust est sans doute né au Mans, où il s’était marié en 1627. Sa famille semble n’avoir pas entièrement coupé les liens avec cette ville, puisqu’un certain Marin Préhoust, qui était peut-être son fils né — à Blois ? — en 1631, y fut enterré en 1693.

 

Julien Préhoust


La documentation est beaucoup plus restreinte à propos de Julien Préhoust, uniquement connu pour avoir modelé, en 1657, trois statues destinées au couvent des Jacobins du Mans, une Vierge, un Saint Dominique et un Saint Augustin, disparues à la Révolution. Cela serait bien peu s’il n’apparaissait que ce dernier n’a sans doute fait qu’un avec le “Préhoux, sculpteur du Mans” que mentionnent les archives de la paroisse de Vouvray-sur-Loir entre 1657 et 1662, à propos d’œuvres qui sont encore en place dans l’église. En 1658, celui-ci avait reçu commande d’une Chasse de saint Hubert, pour la chapelle méridionale, l’une des œuvres les plus étonnantes de la production mancelle. Dans la grande niche de la contretable, au cœur d’une forêt où évoluent aussi son cheval et ses chiens, le saint chasseur à genoux se prosterne devant l’apparition miraculeuse du Christ, symbolisée par une croix s’élevant entre les bois d’un cerf. L’ensemble n’est pas dénué d’une naïveté qui trahit l’embarras d’un artiste peu rompu à ce genre d’interprétation, conçue dans un esprit très éloigné de celui de personnages figurant en pied dans la niche d’un retable. C'est précisément cet esprit qui domine dans l’autel de la chapelle opposée où se présentent debout les personnages d’une Sainte Famille, qu’avait exécutés le même artiste en 1662. L’église conserve également, de la main du sculpteur, les vestiges d’un très beau buste qui pourraient constituer le seul élément conservé d’une Trinité, commandée la même année.

Le musée de Tessé, au Mans, conserve une petite Vierge assise qui porte la signature gravée “I. PREHOUST”, dont le drapé et les traits du visage semblent assez proches de la Vierge de la Sainte Famille.

Les caractères dominants de ces sculptures — des visages féminins aux formes rondes et pleines, des visages masculins aux traits burinés, un drapé lâche au plissé souvent compliqué — permettent de les rapprocher d’autres œuvres conservées dans les églises du Maine, une Vierge à l’Enfant dans l’église de Saint-Jean-du-Bois, une Immaculée Conception à Thoiré-sur-Dinan, un Saint Marc et un Saint Jacques à Saint-Pierre-du-Lorouër, un Saint Joseph à Pezé-le-Robert, un Saint Sébastien à Saint-Rémy-des-Monts, une Sainte Barbe à Préval ainsi que, peut-être également, la Vierge et le Saint Symphorien de l’église de Saint-Symphorien.