Venait ensuite l’application de la polychromie au sujet de laquelle la documentation, trop laconique, fait cruellement défaut. Le plus souvent, l’artiste lui-même s’en chargeait, comme le montre l’inventaire des biens de Jean-Jacques Lemaire, sculpteur du XVIIIe siècle, faisant état de sa dette envers un droguiste de la ville, pour des fournitures de “couleurs et autres marchandises”.

 

Dans les commandes passées devant notaire, la question n’est que rapidement évoquée sans rentrer dans le détail : les figures du Mariage de la Vierge, pour le collège des Jésuites de La Flèche doivent être “étoffées d’or et azur et blanc polly et autres couleurs convenables” ; ailleurs, on se limite à mentionner les “nudittés en carnation naturelle”… Outre les carnations, dominaient les teintes vives des vêtements, très souvent le rouge et le bleu, les dorures aussi. Guidée par d’importants vestiges de la polychromie d’origine, la restauration de la célèbre Sainte Cécile de la cathédrale du Mans montre l’ampleur de la dorure sur la robe du personnage.

 

Malheureusement, ces sculptures nous sont rarement parvenues avec leur polychromie d’origine, qui a été souvent l’objet de remaniements multiples. L’étude du Saint Sébastien de Lombron a montré que la statue avait été repeinte à sept reprises entre son exécution en 1563 et le XIXe siècle ! Aujourd’hui, la grande majorité des œuvres se présentent sous une polychromie datant du XIXe siècle, qui est parfois d’une grande qualité, comme sur une Vierge à l’Enfant et la statue du saint patron de Saint-Symphorien ; à Luché-Pringé, le revêtement néogothique du Saint Martin est l’œuvre du peintre manceau Louis Renouard en 1877, le même qui a probablement repeint le Mariage de la Vierge de Saint-Thomas de La Flèche.