À la charnière des XVIe et XVIIe siècles, apparaissait un premier atelier de quelque ampleur, celui de Matthieu Dionise. La présence de l’artiste est attestée à Parigné-l’Évêque, à la Couture du Mans, à Saint-Georges-de-la-Couée. Dispersées dans les églises sarthoises, plusieurs autres sculptures lui sont attribuées, à Parigné-le-Pôlin, Vaas, Torcé-en-Vallée.

Mais c’est surtout à partir du début du XVIIe siècle que l’activité artistique a brillé, dans le Maine, d’un éclat particulier, alors qu’avaient émergé des sculpteurs dont l’influence et la réputation furent sans commune mesure avec celles de leurs prédécesseurs. Trois d’entre eux ont particulièrement marqué cette période qui constitue indéniablement l’âge d’or de la sculpture mancelle. Gervais I Delabarre (vers 1560, 1570-1640) a connu une carrière particulièrement longue et féconde, qui l’a conduit souvent loin de son atelier manceau, à Angers, Poitiers, Blois, Tours, Le Puy-Notre-Dame, Saumur, Fontevraud, Sainte-Anne d’Auray, La Flèche. À Angers, se trouve la statue orante de Donadieu de Puycharic, seule œuvre en marbre connue de l’artiste et l’ancienne église des Jésuites de Poitiers conserve un remarquable ensemble de sculptures exécutées par ce dernier vers 1615.

Très tôt, Pierre Biardeau (1608–1671) avait quitté Le Mans, sa ville natale, pour s’établir à Angers. Il fut sollicité dans de très nombreuses villes du grand Ouest et même au-delà. Le succès obtenu en 1647 par le décor (détruit) de l’église des Petits Augustins de Paris lui avait ouvert les portes d’autres maisons de cet ordre à Angers, La Rochelle, Montmorillon, Poitiers. Dans le chœur de la cathédrale de Poitiers, deux très belles Vierge témoignent de son travail dans cette ville. Il a également travaillé à Saumur et à Angers, où se trouve son chef-d’œuvre, les Saints de la Barre.

À la même époque, d’autres ateliers, de moindre renommée, ne sont parfois connus que par une simple mention : Louis Doudieux, René I Biardeau, René II Biardeau (1606-1651), le frère aîné de Pierre, qui avait pris au Mans la suite de l’atelier paternel les Préhoust dont un, Marin, avait fait carrière à Blois, Poitiers et Bourges dans les années 1630-1640, ou encore Gervais Lemoine, uniquement connu pour la mention, en 1645, d’un Saint Jacques (disparu) dans l’église de Saint-Martin-de-Pontlieue, près du Mans.

À Angers, au milieu du XVIIe siècle, Pierre Biardeau avait été à l’origine d’un nouveau foyer artistique — au sein duquel on comptera par la suite certains de ses anciens élèves, parmi lesquels Pierre Barauderie ainsi que, peut-être, les Plouvier —, bientôt en mesure de concurrencer celui des Manceaux. Aussi ces derniers eurent-ils tendance à se replier dans leur province, encouragés par une nette recrudescence de la commande qui se manifestait désormais jusque dans les plus petites paroisses. L’activité de l’atelier de Gervais I Delabarre s’est quelque temps prolongée par l’intermédiaire de ses fils, Gervais II (1603-vers 1650) et Louis (1612-1655) ; mais François Delabarre (1629-1688), le petit-fils de Gervais I, avait quitté Le Mans pour se fixer en Bretagne — conduit par les hasard de la commande ou poussé par la nécessité ? —, où s’est déroulé l’essentiel de sa carrière. Au Mans, d’autres artistes avaient pris le relais, Noël Mérillon (1622-1691) qui fut peut-être un élève de Biardeau, Étienne Doudieux (1638-1706) à qui sont attribuées de nombreuses sculptures sarthoises et mayennaises, Georges Biardeau († 1686), peut-être un cousin de René II et Pierre, Pierre Lorcet (connu entre 1684 et 1699), à l’origine d’une lignée d’artistes qui se prolongera jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Mention particulière doit être faite de Nicolas Bouteiller (1630-1696), probablement lui aussi ancien élève de Pierre Biardeau, qui s’était établi à La Flèche, à l’ombre du célèbre collège des Jésuites. La seconde moitié du XVIIe siècle fut également marquée par l’activité d’autres ateliers, plus modestes, qui étaient tantôt installés au Mans, tels Georges Honoré et Luc Durand, ou à Laval, tels les Lemesle et les Montaudin, et tantôt basés dans de plus petites localités, comme de La Roze dans le nord du Maine, ou les Leclerc à Écommoy.