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La carrière artistique de Nicolas Bouteiller, issu en 1630 d’une famille de vignerons de Mareil-sur-Loir, près de La Flèche, doit probablement beaucoup à l’action des jésuites — leur collège avait été fondé dans cette ville au début du XVIIe siècle — dont l’influence religieuse fut déterminante dans la région. Sans doute les aptitudes du jeune artiste ont-elles été décelées par les pères qui ont peut-être assuré en partie son éducation.
Bouteiller, qui avait établi son atelier à La Flèche, a travaillé de manière quasi exclusive pour les églises et monastères de cette ville et de ses environs immédiats, à l’exception de quelques commandes passées à Angers. Bien sûr, les jésuites ont figuré en bonne place parmi sa clientèle : il avait fourni au moins deux autels pour leur église, celui d’une chapelle dédiée à saint François Borgia, en 1672, et celui de la chapelle de la Passion, en 1680, où figuraient une Mise au tombeau en ronde-bosse et une Descente de croix en relief. Il avait non seulement fourni les sculptures, mais il avait aussi dessiné les retables dont l’exécution était ensuite confiée à des maîtres maçons. Si le décor des Jésuites a disparu, ce n’est pas le cas d’autres retables encore en place, à Bazouges-sur-le-Loir (1673) et Avoise (1680) notamment. D’autres retables de l’artiste ont été détruits à Sainte-Colombe, Le Lude, Le Bailleul ou encore Baugé, dans le Maine-et-Loire.
Les sculptures de Bouteiller présentent certaines particularités techniques qui les distinguent nettement des œuvres des artistes établis au Mans. Elles se présentent généralement en un seul élément, quelle que soit leur taille, donnant à penser qu’elles ont probablement été cuites dans les vastes fours de tuileries de la région, alors abondantes. Cette hypothèse est d’autant plus plausible que la texture et la couleur rouge de leur terre sont très comparables à celles des pavés et tuileaux de terre cuite que fournissaient ces établissements.
Le corpus des œuvres de Nicolas Bouteiller comprend quelques statues dûment attestées, une Vierge à l’Enfant, en 1666, une Éducation de la Vierge et une Sainte Colombe dans l’église de Sainte-Colombe, à La Flèche, un Saint Martin à Luché-Pringé en 1668, un Saint Pierre à Bazouges-sur-le-Loir en 1673, une Adoration des bergers en relief à Aubigné-Racan, que le sculpteur avait entreprise à la fin de sa vie et qui sera achevée par son fils, Nicolas II, connu pour ce seul travail. D’autres œuvres sont attribuées à l’artiste, les statues du maître-autel d’Avoise, plusieurs sculptures dans les églises de Bousse, Mansigné, Saint-Germain-d’Arcé, Savigné-sous-Le-Lude ...
Quelques-unes de ces sculptures attestent l’influence des artistes de la première moitié du XVIIe siècle, tel le Saint Sébastien de La Quinte, près du Mans — la seule œuvre conservée curieusement hors du rayon d’action habituel du sculpteur —, qui dérive à l’évidence du Saint Sébastien de Charles Hoyau, dans l’église Saint-Thomas de La Flèche. Certaines révèlent de réelles qualités expressives, telle une série incomplète des Apôtres, conservée dans l’église de Sarcé ou un très beau Saint Jean dans l’église de Saint-Jean-de-la-Motte. Leurs attitudes révèlent une inclination manifeste pour les compositions dramatiques, qui n’est pas sans évoquer l’art de Pierre Biardeau, au point que l’on s’interroge sur l’éventualité d’un apprentissage effectué auprès du maître angevin. Cela serait d’autant plus vraisemblable que Bouteiller, lorsqu’il avait atteint l’âge de vingt ans en 1650, a eu l’occasion de rencontrer Noël Mérillon, alors dans l’église des Jésuites de La Flèche : il a pu entrer en contact avec Biardeau par l’intermédiaire de ce dernier, qui fut probablement aussi son élève.