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- Les images de la foi revivifiée
Le foyer artistique manceau s’est développé dans le contexte très stimulant de la Réforme catholique qui, dans le prolongement des directives du Concile de Trente (1545-1563), avait affirmé la volonté de donner une légitimité nouvelle à l’image, que contestaient les protestants. Dans le Maine, d’innombrables figures peintes et surtout sculptées du Christ, de la Vierge et de tous les saints du paradis sont venues peupler les niches de monumentaux retables qu’on avait dressés dans les sanctuaires, grandioses mises en scènes où le spectaculaire le disputait au merveilleux. Mis en lumière par l’éclairage généreux de fenêtres élargies à cet effet, sculptures polychromes et retables multicolores offrirent alors un spectacle inédit qui sollicitait vivement les sens des fidèles. L’atmosphère sombre et austère qui prévalait jusqu’alors à l’intérieur des églises, s’en est trouvée profondément bouleversée.
Les sculptures sont fortement assujetties au format des niches des retables, sous l’arcade desquelles les personnages se présentent en pied, accompagnés de l’attribut qui, suivant une formule éprouvée de longue date, permet de les identifier, la clef de saint Pierre, la tour de sainte Barbe, la tarasque de sainte Marguerite. Si, dans les œuvres les plus anciennes, les personnages sont encore empreints de cette raideur qu’imposent les contraintes du cadre, ils ont tendance à s’en affranchir par la suite, par une attitude plus mouvementée qui suggère leur engagement dans l’action. À Loué, le doigt pointé en direction du ciel, saint Pierre harangue les fidèles ; à Saint-Jean-de-la-Motte et à Aigné, saint Jean-Baptiste désigne ostensiblement l’agneau qui se trouve à ses pieds ou qui est posé sur un tronc d’arbre à son côté, comme à Rouez. Les évêques lèvent un bras, main ouverte, en direction de l’assistance : par ce geste, l’artiste et son commanditaire veulent signifier que le prélat prend la parole, attitude qui sera interprétée plus tard comme celle de la bénédiction. Le corps légèrement hanché, les saintes et les saints esquissent parfois un pas, dans une attitude toute de grâce et d’élégance ; leur mouvement se transmet à leur vêtement, dont le drapé s’anime, à son tour.
Ces personnages ne sont pas toujours isolés, il arrive parfois qu’ils soient plusieurs impliqués dans une même scène — la Nativité, la Sainte Famille, la Mise au tombeau, tel épisode miraculeux de la vie d’un saint... —, à l’exemple des groupes de toute dimension qui, à la fin du Moyen Âge, s’inspiraient des représentations théâtrales des mystères. Ces ensembles prennent alors place sous l’arcade élargie de la contretable, au-dessus de l’autel, quand ils ne figurent pas au cœur d’un monument spécialement conçu à leur usage, comme la célèbre Déploration de Charles Hoyau, à Marolles-les-Braults, ou les deux ensembles de la Chasse de saint Hubert et de la Sainte Famille, à Vouvray-sur-Loir.
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Aigné, église Notre-Dame : Saint Jean-Baptiste, 1ère moitié du XVIIe siècle
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Meurcé, église Notre-Dame : Saint Julien, XVIIe siècle
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Champagné, église Saint-Désiré : Sainte Barbe, XVIIe siècle
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Savigné-l'Evêque, église Saint-Germain, Nativité, 1ère moitié du XVIIe siècle
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